Invivox - Quel avenir pour les revues de formation ?

A la tête du Groupe Global Media Santé (La Revue du Praticien, Les Tribunes de la Santé, Concours pluripro, Egora, Les journées nationales de médecine générale), Alain Trebucq est un homme moderne qui a vu passer les innovations et entendu les oracles les plus alarmistes sur la fin de la presse papier. Il a donc pris la parole pour répondre à la question suivante : « Le numérique : clap de fin pour les revues de formation ? »

Le lien charnel au papier

Au milieu des années 70, alors qu’il est en 4^e année de médecine, Alain Trebucq s’abonne à la Revue de Patricien.

Je pensais que les revues de formation faisaient partie de la panoplie du médecin au même titre que la blouse blanche et le stéthoscope
Dr. Alain Trébucq, Directeur de Global Média Santé

Un médecin et patron d’une grande revue de presse lui dira même que c’est une revue « conjuratoire » et que le fait de l’avoir sur ses étagères éloigne le mauvais sort. Nous avons tous un lien fort avec certains livres ou certaines revues et il faut les conserver précieusement pour avoir le plaisir de les feuilleter de temps en temps.

L’innovation n’est pas forcément destructrice

Contrairement à ce que l’on pense, l’innovation ne rend pas toujours obsolètes les biens ou services déjà disponibles sur un marché. L’e-book en est une preuve tangible : le marché du livre papier se porte très bien et a même connu une croissance de 12,5% en 2021. On peut d’ailleurs tout à fait avoir un e-book et continuer à se rendre en librairie acheter des livres.

Il en est de même pour les revues de formation. En pleine bulle internet, alors qu’il crée son entreprise sur les apports d’Internet en santé, Alain Trébucq se rend vite compte, devant les difficultés de financement de certains projets digitaux, qu’« Internet n’emporterait pas tout » et qu’il faudrait trouver à la presse papier et à la presse numérique leurs usages et pertinences respectives.

Chaque support a ses avantages et sa place

Preuve de l’utilité et de la complémentarité des formats numériques et papier : de très nombreux abonnés à La Revue du Praticien ont à la fois un abonnement à la revue et au site internet.

Le numérique

Dans le cadre de la formation, les atouts du numérique n’ont plus besoin d’être énumérés. On voit se développer des solutions très innovantes et bien pensées d’un point de vue pédagogique. La simulation, notamment, permet de faire vivre l’adage « jamais la première fois sur le patient ».

Pour certains aspects, il est inutile de vouloir mettre en compétition le numérique et le papier. La vidéo a une supériorité indéniable pour détailler un geste technique ou visualiser une structure anatomique par exemple.

Grâce au digital, il est possible de partager l’actualité médicale plus rapidement et en variant les formats. Les médecins peuvent se former sur des modules très courts ou mettre à jour leurs connaissances dans un domaine très spécifique (mini cas clinique, diagnostic sur image, etc…).

Le papier

Le format imprimé des revues de formation médicale offre un confort de lecture bien supérieur au format numérique et il est beaucoup plus adapté pour la lecture d’un article long ou la présentation d’un cas clinique complexe. Sans les revues papier qui constituent les archives de la Revue du Praticien, il n’aurait pas été possible de constituer le fonds documentaire extraordinaire qui est accessible par tous et à tout moment une fois numérisé.

Internet a un pouvoir d’attraction fort. Certains industriels ont tendance à oublier les revues de formation. Elles présentent pourtant un intérêt majeur, en tant que caution scientifique, pour communiquer sur leurs travaux de recherche, leurs nouveaux produits ou de nouvelles indications.