Avec ses 50 ans de carrière en chirurgie, Dr. Jean-Claude Couffinhal continue de se battre pour que le savoir circule et s’enrichisse des connaissances et des expériences de chacun.
« La formation c’est la clé du progrès pour nous, chirurgiens, et pour les patients »
Dr. Jean-Claude Couffinhal, Chirurgien qui vient d’obtenir son diplôme en chirurgie robotique à 70 ans !
La chirurgie est en train de vivre une véritable révolution. Comme toute révolution, elle porte en elle une énergie de transformation qu’il nous est nécessaire d’embrasser pour en faire quelque chose de positif, notamment avec la formation des jeunes chirurgiens.
La révolution numérique
Parmi toutes les avancées qui ont eu lieu au cours des dernières décennies, c’est la puissance du calcul numérique, avec pour corollaire le développement de l’intelligence artificielle, qui a le plus transformé le métier de chirurgien. L’adjectif « numérique » a aujourd’hui toute sa place pour qualifier la chirurgie moderne.
Le numérique a créé 4 types de bouleversements fondamentaux :
- Les connaissances : Le maitre-mot est aujourd’hui l’interdisciplinarité ou la “cross-fertilisation“. Aucun médecin ne peut désormais plus se contenter de mettre ses connaissances à jour uniquement en médecine. Il faut élargir le champ des apprentissages aux nouvelles technologies, aux mathématiques, à la génomique, etc… Il convient également dans cette perspective d’organiser des formations interdisciplinaires entre tous les acteurs de ce nouvel écosystème de soins élargi : chirurgiens, ingénieurs biomédicaux, data scientists, startupers, industriels, etc…
- Les pratiques opératoires : La robotique a transformé la chirurgie. Apprendre à conduire un robot devient un incontournable. Aujourd’hui, il manque une véritable politique de formation à la robotique de la part des pouvoirs publics. Nous ne pouvons donc que remercier les industriels qui prennent l’initiative de former les médecins à leurs innovations.
- Les cadres académiques : Ils sont en train d’exploser grâce à l’horizontalisation des savoirs. Le sachant n’est plus celui en haut de l’échelle hiérarchique. Les jeunes sont désormais plus calés dans tout ce qui touche au numérique : il faut pouvoir échanger, discuter, apprendre d’eux. C’est le principe de la classe inversée dont parle Julien Delpech dans son introduction à la conférence.
- L’évaluation des pratiques : les pratiques opératoires ont rarement été sérieusement évaluées et le numérique doit combler cette lacune.
Cette révolution remet-elle en cause le compagnonnage ?
Bien au contraire ! La formation des jeunes chirurgiens est une priorité absolue. Tout comme en aéronautique où il y a 2 pilotes dans un avion, cette formation doit être accompagnée par d’autres. Pendant la pandémie de la covid, les blocs opératoires sont restés fermés pendant 2 ans, empêchant les jeunes chirurgiens d’avoir accès à la phase des apprentissages socles et à leur consolidation.
D’après une enquête menée auprès de jeunes chirurgiens diplômés : 69% des interrogés disent qu’ils sont sceptiques sur le fait d’être autonomes en clinique et en techniques opératoires, 47% disent n’avoir jamais vu de simulateur et finalement seuls 7% sont satisfaits de leur formation.
Le compagnonnage traditionnel est mort, vive le compagnonnage augmenté !
« La chirurgie, c’est aussi la nuit, les gardes, les hémorragies post-partum, le Bataclan, les urgences. C’est un magnifique métier mais qui est très lourd à porter. Ce serait une terrible maltraitance de ne pas accompagner les plus jeunes »
Dr. Jean-Claude Couffinhal, Chirurgien, Responsable robotique chirurgicale et formation de l’Académie Nationale de Chirurgie
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